Montrer les titres Cacher les titres
Gel du barème, pensions bloquées, modification de l’abattement fiscal : le budget 2026 présenté par le Premier ministre chamboule la feuille d’impôt des retraités. Après cinq revalorisations successives, les pensions resteraient figées l’an prochain. Mais dans le même temps, le coup de rabot sur l’abattement de 10 % menace de renchérir l’impôt pour une partie des seniors. Tour d’horizon des changements annoncés et de leurs effets concrets sur les porte-monnaie.
Un gel des pensions qui pèse déjà 350 € par an
Sans indexation, la hausse des prix promet d’éroder le pouvoir d’achat : l’OFCE estime la perte moyenne à 350 € par retraité en 2026, dont une vingtaine d’euros d’impôt supplémentaire. C’est la première fois depuis 2021 qu’aucune majoration n’interviendrait au 1er janvier.
Le coup de rabot sur l’abattement : de 10 % à 2 000 € forfaitaires
Jusqu’ici, les pensions bénéficient d’un abattement de 10 % pour frais professionnels, avec un plancher de 450 € et un plafond de 4 399 € par foyer fiscal. Le projet de loi transforme cet avantage en un forfait de 2 000 € par personne. L’idée affichée ?
« Garantir un pouvoir d’achat inchangé aux retraites moyennes », énonce François Bayrou.
Or, la réalité varie selon les situations.
Personnes seules : perdantes dès 20 000 € de pension
Avec l’ancien calcul, un célibataire percevant 30 000 € de pension voyait son revenu imposable réduit de 3 000 €. Demain, la même personne ne déduirait plus que 2 000 €. Soit 1 525 € d’impôt au lieu de 1 365 €. En clair, tout retraité isolé gagnant plus de 20 000 € bruts annuels sera pénalisé, la note pouvant grimper jusqu’à 1 080 € par an parmi les pensions les plus élevées.
Couples : un impact limité au sommet de l’échelle
Pour les foyers à deux parts, l’abattement maximal passe de 4 399 € à 4 000 €. Leur revenu imposable n’augmenterait donc que de 400 €. Même en haut du barème, la surcharge d’impôt plafonnerait autour de 180 € par an. Ainsi, pour la majorité des couples, l’effet serait neutre, voire légèrement favorable sous les 38 000 € de revenus.
Décote, bonus seniors : les amortisseurs existent… sous conditions
Le ministre de l’Économie insiste : « Les petites retraites resteront épargnées ». En pratique, la décote fiscale efface encore l’impôt pour les revenus nets imposables inférieurs à 18 970 € pour un célibataire. De plus, l’abattement spécifique lié à l’âge (1 398 € par tête après 65 ans) continue de jouer si le revenu demeure sous 28 170 €. Toutefois, cumulé au gel du barème, le nouveau forfait réduira la marge de sécurité pour de nombreux foyers.
Comment se préparer à la hausse ?
Avant l’examen du texte à l’automne, chacun peut estimer l’impact. En effet, il suffit de comparer son revenu net imposable 2025 à la nouvelle déduction fixe de 2 000 € (ou 4 000 € pour un couple). Et si le résultat franchit la première tranche taxable, il faudra ajuster son taux de prélèvement à la source pour éviter une régularisation salée. Parallèlement, optimiser les dons, l’épargne retraite ou l’emploi à domicile restera possible pour adoucir la facture.
Une réforme qui relance le débat sur les « niches »
Institué en 1978, l’abattement de 10 % coûte plus de 4 milliards d’euros par an. Les défenseurs de la réforme y voient une rationalisation. Et ses détracteurs redoutent un effort concentré sur la classe moyenne des seniors, déjà confrontée à l’inflation médicale et énergétique. Verdict au Parlement cet automne. Si le forfait est voté, 2026 marquera la fin d’une ère et un nouvel équilibre entre solidarité nationale et fiscalité des retraités.