Le jeudi 26 juin, le Premier ministre François a annoncé que l’ensemble des partenaires sociaux avait enfin trouvé un accord sur la réforme des retraites. Toutefois, la réalité semble tout autre d’après le média Capital. Depuis le passage en force du texte en septembre 2024 par Élisabeth Borne, la pilule n’avait toujours pas été digérée.
Si l’âge de départ reste fixé à 64 ans, plusieurs ajustements ont tout de même été actés. Et parmi eux : la situation des femmes dont la carrière a été interrompue à plusieurs reprises en raison de grossesses. Une réforme censée leur être favorable, mais qui, dans les faits, s’avère bien plus timide que prévu.
Retraite des femmes au foyer : des promesses… mais peu d’impact réel
Pour les femmes ayant eu une carrière dite « hachée », le mode de calcul de la retraite devrait évoluer. Au lieu de prendre en compte les 25 meilleures années de salaire comme pour tous les assurés, il devrait désormais en retenir :
- 24 meilleures années pour les mères d’un enfant,
- 23 meilleures années pour les femmes ayant eu deux enfants ou plus.
Cette mesure devrait se voir intégrée à l’automne, lors de l’examen du Budget de la Sécurité sociale, pour une application dès 2026.
Selon le médiateur Jean-Jacques Marette, auteur du relevé de conclusions du conclave sur les retraites indique que cela permettrait à 50% des femmes d’avoir un gain sur leur pension de retraite.
À lireIndemnités journalières retardées : le plan du gouvernement qui inquiète les salariésIl rappelle également que ce gain pourrait venir en complément d’autres leviers comme les solutions d’épargne individuelles. Un point important dans un contexte où l’inégalité salariale entre hommes et femmes continue de se répercuter directement sur les pensions de retraite.
Mais derrière cette annonce, une réalité bien plus nuancée se dessine.
Selon Marilyn Vilardebo, présidente et fondatrice du cabinet Origami&Co, spécialisé en audit retraite :
« Une mère d’un enfant qui a perçu des revenus équivalents au plafond annuel de la Sécurité sociale pendant 24 années et a travaillé au Smic le reste de sa carrière verra sa pension brute augmenter de 40 euros par mois »
Soit, selon ses calculs, une hausse d’environ 2 %. Mais attention, précise-t-elle :
« Et on ne parle ici que de la retraite du régime général ! Pour un cadre sup, la pension provient majoritairement de la retraite complémentaire »
Autrement dit, la mesure ne concerne pas l’ensemble des régimes, et ses effets seront inexistants pour certaines catégories socioprofessionnelles.
Elle poursuit d’ailleurs :
« Si vous êtes au Smic toute votre vie, prendre en compte les 23 ou 24 meilleures années au lieu de 25 ne change rien. Même chose si vous avez été payée toute votre carrière au plafond annuel de la Sécurité sociale, un niveau de revenus qui plafonne la retraite de base »
En résumé, cette réforme ne profite réellement qu’aux femmes aux carrières ascendantes. C’est-à-dire à celles qui ont vu leurs revenus progresser avec le temps. Pour les autres, l’impact restera minime, voire nul.
Une « avancée » donc, mais dont les bénéfices concrets ne concerneront qu’une minorité de profils.